Qu’est-ce l’autodéfense féministe ?

L’autodéfense féministe ou autodéfense d’empowerment est une approche globale à la prévention primaire des violences basées sur le genre.

Contrairement à des méthodes d’autodéfense traditionnelles/mainstream, elle:

  • tient compte du continuum entier des violences faites aux femmes et propose des outils pour contrer non seulement des agressions physiques, mais aussi la discrimination, le harcèlement et les micro-agressions, y compris par des proches et connaissances;
  • garde à l’esprit l’intersection des systèmes d’oppression autre que le sexisme;
  • offre une large panoplie d’outils mentaux, émotionnels, verbaux et physiques pour résister aux violences et à la discrimination;
  • attribue la seule responsabilité pour la violence à son auteur.e;
  • fait particulièrement attention aux victimes de violence, y compris par des outils de self-care post-traumatique;
  • se focalise sur l’incorporation de la puissance et du pouvoir;
  • questionne les inégalités de pouvoir entre formatrices et participantes, entre autres par la co-construction du savoir et savoir-faire
  • aide à surmonter l’isolement des femmes à travers un processus d’apprentissage collectif.

L’autodéfense féministe a démontré de manière invariable son impact positif sur la peur, la colère, l’image de soi, l’image corporelle, l’auto-éfficacité et les mythes du viol chez les femmes. En plus, les femmes qui ont participé à des formations d’autodéfense féministe sont moins souvent confrontées aux violences physiques et sexuelles que d’autres, et quand elles sont agressées, elles arrivent plus souvent à se défendre avec succès et rester indemnes. C’est pourquoi l’autodéfense féministe est un des outils les plus prometteurs de la prévention des violences basées sur le genre.

Malgré ces preuves empiriques, l’autodéfense féministe fait face à de nombreux obstacles structurels, allant d’un manque de financement et de reconnaissance publics à son absence des outils de droits humains internationaux et des plans d’action nationaux. Les structures proposant de l’autodéfense féministe opèrent souvent dans des circonstances difficiles économiquement et politiquement et, par conséquence, n’ont pas les moyens pour rendre leurs activités aussi inclusives et accessibles qu’elles voudraient. Par exemple, les femmes en situation de handicap participent moins souvent à des formations d’autodéfense parce que la salle, les transports ou les prix sont inaccessibles ou parce que les formatrices et l’organisation n’ont pas les compétences pour rencontrer leurs besoins. Il est d’autant plus difficile pour des femmes en situation de handicap de devenir elles-mêmes formatrices d’autodéfense.

NO MEANS NO vise à rendre l’autodéfense féministe accessible pour les femmes en situation de handicap en s’attaquant à ces trois facteurs. D’un côté, plus de formatrices seront formées aux compétences nécessaires pour accueillir des femmes avec des besoins spécifiques, soit individuellement, soit dans des groupes spécifiques au handicap. De l’autre côté, le financement du projet inclut des ressources pour les coûts supplémentaires de salles accessibles, traductions en langue de signe et la communication. Finalement, il offre aux formatrices d’autodéfense avec des degrés variables de capacité la possibilité de travailler ensemble, d’apprendre les unes des autres et de rendre l’autodéfense féministe plus inclusive et accessible sur le long terme.