Katarzyna Zedlycka (Autonomia) a donné le discours suivant durant le webinar intitulé “En finir avec la violence contre les femmes en situations de handicap dans l’Union européenne” organisé par le European Disability Forum le 24 Novembre 2020.
Je suis une femme en situation de handicap. Je suis aussi une formatrice Wendo – le Wendo est une méthode féministe d’autodéfense et d’affirmation de soi pour les femmes et les filles. J’apprends aux femmes en situation de handicap à reconnaître les différentes formes de violences et à y réagir. De mes rencontres avec les femmes en situation de handicap, je retiens que nous avons une expérience collective des violences physiques, psychologiques, économiques et sexuelles. On nous touche sans notre consentement. On nous traite comme des enfants. On suppose que nous n’avons pas de désir sexuel, et pourtant nous sommes victimes de harcèlement et de violences sexuelles. La plupart de nos agresseurs restent impunis.
La société nous apprend à être silencieuses. Lorsque nous sommes en danger, nous avons peur de crier. Durant une rencontre avec des femmes en situation de handicap intellectuel, nous avons parlé de ce que nous pourrions faire lorsque quelqu’un nous touche sans notre consentement dans un bus. Une option est de crier. Cela permet d’attirer l’attention des autres passagères·ers. Après cette rencontre, une soignante est venue vers moi. Elle m’a dit: ne leur enseigne pas à crier, parce que les gens penseront qu’elles sont des malades mentales.
En Pologne il n’y a pas d’éducation sexuelle. On ne nous apprend pas à connaître notre propre corps. Bien souvent, nous ne savons pas quand, ni comment mettre nos limites, ou quand un comportement constitue de la violence ou du harcèlement.
Les femmes en situation de handicap se plaignent que l’on touche leurs chaises roulantes ou leurs cannes blanches sans leur permission. C’est pourquoi elles apprennent à utiliser ces objets pour se défendre. Leurs béquilles ou leurs chaises roulantes deviennent leurs outils de défense.
Depuis janvier 2020, l’association Autonomia, Garance, ainsi que d’autres organisations de Belgique, France et Allemagne, ont commencé un projet pour les femmes en situation de handicap qui s’appelle “No means no” (Non c’est non). Ensemble, on organise des ateliers d’empowerment. On collecte aussi les histoires de succès. Des femmes en situation de handicap nous disent comment elles réagissent aux violences. Ces histoires de succès seront incluses dans un guide de sécurité. Le but de ce guide est d’aider les autres femmes à réagir et ensuite à raconter leurs propres histoires.
Selon mon expérience, il est primordial que les formatrices et les femmes en situation de handicap partagent leurs expériences, s’entraident, et apprennent à reconnaître la violence et à y répondre.
Enfin, je voudrais souligner que nous devons nous souvenir que la plupart du travail doit être effectué par les hommes. Ils constituent 95% des agresseurs. Parmi ces 95%, il y a aussi des hommes en situation de handicap. La prévention à la violence requiert l’éducation des hommes – les hommes doivent prendre leur responsabilité afin de changer leurs idées préconçues nocives sur les violences sexuelles.