Dans la rue

J’ai été suivi dans la rue alors que je me rendais à un cours dans une organisation pour personnes aveugles. J’ai d’abord vérifié si la personne me suivait vraiment en modifiant ma vitesse et en traversant une rue. Quand j’ai été sûre, je me suis retournée et j’ai demandé à la personne de passer devant moi, mais elle n’a pas répondu et ne m’a pas non plus dépassée. Lorsque j’ai appelé l’organisation et demandé que quelqu’un sorte pour voir qui me suivait, la personne a disparu.

Dans le train avec mon chien-guide

J’ai un chien d’aveugle. Une fois, dans un train, deux adolescents (12-14 ans) à la recherche de problèmes harcelaient les passagers. Comme je les ignorais, ils ont pincé mon chien. Le chien est allé s’asseoir dans l’allée pour s’éloigner d’eux. J’ai mis ma jambe en travers de l’allée pour leur bloquer l’accès au chien et j’ai dit fermement aux garçons : “maintenant vous arrêtez et vous le laissez tranquille”. Ils ont abandonné et sont descendus du train à l’arrêt suivant.

Dans le bus

Hier, dans le bus qui me ramenait chez moi après le cours d’autodéfense, quelqu’un a encore essayé de pousser mon fauteuil roulant. J’étais presque un peu contente parce que j’ai pu appliquer tout de suite la double phrase. J’ai freiné et j’ai dit très fort : “Excusez-moi, vous venez de me pousser ici. Lâchez mon fauteuil roulant tout de suite”.

Conférence de clôture du projet No Means No” – Les femmes en situation de handicap résistent à la violence

La conférence de clôture du projet No Means No, “Les femmes en situation de handicap résistent à la violence”, s’est déroulée en ligne le 3 décembre 2021, journée des personnes handicapées. Cette conférence visait à inscrire la violence à l’égard des femmes en situation de handicap et l’autodéfense féministe dans le programme de l’Union Européenne, à informer les décideur.euse.s européen.ne.s des lacunes politiques et des bonnes pratiques, ainsi qu’à offrir aux femmes en situation de handicap un espace d’autoreprésentation.

L’événement a été introduit par Helena Dalli, Commissaire Européenne à l’Egalité, et a été suivie par des intervenantes des différentes organisations partenaires qui ont partagé les résultats du projet dans les différents pays. Dans l’après-midi, nous avons eu la chance d’accueillir Liz Kelly, de la London Metropolitan University, qui a partagé des recherches importantes sur l’autodéfense féministe en tant que prévention primaire de la violence. Nous sommes particulièrement reconnaissantes à Lydia La Riviere Zijdel, de la Stichting Lydia Zijdel Foundation (qui a formé avec succès nos formatrices dans le cadre du projet No Means No !), d’avoir parlé spécifiquement et avec éloquence de l’autodéfense féministe pour les femmes en situation de handicap. Son intervention a été suivie par celle de Carina Tränkner, formatrice Wendo de ZIBB (Centre for Inclusive Education and Counselling), qui a présenté le projet inspirant “frauen.stärken.frauen”, une formation pour devenir des formatrices en autodéfense pour les femmes* en situation de handicap intellectuel et sans handicap. Enfin, la conférence a été clôturée par Evelyn Regner, Présidente de la la Commission des droits de la femme et de l’égalité des genres du Parlement Européen. Toute la journée a été animée de manière professionnelle et chaleureuse par Liz Chornenki, une collectrice de fonds en situation de handicap du Canada.

Avec plus de cent participant.e.s, dont des femmes en situation de handicap, des organisations de lutte contre la violence, du secteur handicap et des institutions publiques, nous sommes fières de notre réussite.

Les langues officielles de la conférence étaient l’anglais et la langue des signes internationale. La conférence a également été retranscrite simultanément en anglais. La conférence a également été traduite simultanément en français et en langue des signes Belge-Francophone (l’après-midi seulement pour cette dernière) et en polonais et en langue des signes polonaise.

Vous pouvez revoir la conférence dans différentes langues :

Vous pouvez également accéder et télécharger les diapositives en Facile-à-Lire (uniquement en anglais) sous ce lien :

Combattre les violences envers les femmes en situation de handicap: Nos recommandations

Lors de la conférence nationale belge de sensibilisation « Combattre les violences envers les femmes : le rôle des femmes en situation de handicap » du 8 octobre 2021, les participant·e·s ont fait émerger les revendications suivantes pour lutter plus efficacement contre les violences faites aux femmes et aux filles en situation de handicap

Nous estimons qu’aucune décision les concernant ne devrait être prise sans, au préalable, donner la parole aux femmes en situation de handicap. C’est fondamental si on souhaite que les dites décisions soient réellement adéquates par rapport à leurs réalités et besoins.

En outre, il est important de recueillir directement leur parole, sans filtre, sans que leurs parents ou accompagnateur·rice·s s’expriment pour elles.

Approche général contre les discriminations, stéréotypes et exclusions

  • Questionner et rendre plus inclusif le système d’éducation actuel, en particulier l’école, les associations sportives, les mouvements de jeunesse etc. afin que, dès le plus jeune âge, les enfants, avec toutes sortes de capacités, évoluent ensemble.
  • Déconstruire la notion du handicap afin qu’il ne soit pas vu comme une lacune, mais un potentiel, porteur d’expériences, pratiques et besoins différents et le considérer à travers le prisme d´un système plus large d’interdépendance.
  • Promouvoir des images positives des personnes en situation de handicap, sans infantilisation ni victimisation – les personnes en situation de handicap ont des compétences et intelligences particulières qui enrichissent et complètent les manières de voir majoritaires.
  • Déconstruire l’articulation du sexisme et du validisme afin que les femmes en situation de handicap soient perçues et traitées comme des êtres humains à part entière et ne soient plus réduites à leur handicap.
  • Soutenir davantage les recherches en matière de disability studies (études critiques du handicap) et les analyses intersectionnelles genre/handicap ; intégrer notamment le handicap dans le Master genre et créer un centre de recherche dédié aux disability studies.
  • Mener des campagnes de sensibilisation, y compris sur les réseaux sociaux, pour promouvoir l’inclusion et le respect de la diversité et combattre les préjugés et stéréotypes.
  • Sensibiliser et responsabiliser les journalistes et les médias à l’importance de rendre visibles la diversité de femmes en situation de handicap notamment en utilisant des termes et images non-stéréotypés. Attention aux désignations réductrices, car certaines femmes sourdes ne se reconnaissent pas sous le label handicap (« femmes en situation de handicap et/ou sourdes »).
  • Augmenter la participation active de femmes en situation de handicap dans les médias et le secteur culturel, et cela dans toutes les fonctions et à tous les niveaux décisionnels.
  • Visibiliser et promouvoir les productions culturelles de femmes en situation de handicap, par exemple en organisant un festival d’art par les femmes en situation de handicap pour un public diversifié.
  • Sortir les femmes en situation de handicap de l’ombre et créer des contenus médiatiques et culturels qui les représentent comme des êtres humains à part entière, non réduites à leur seul handicap, puissantes et capables d’agir.
  • Identifier et surmonter tous les aspects handicapants de la société, plus particulièrement en ralentissant le fonctionnement de la société pour la rendre plus humaine pour tou·te·s.
  • Tous les secteurs et niveaux de la société doivent montrer l’exemple de l’inclusion, s’appuyant sur des moyens de communication accessibles à tou·te·s et visant le dialogue et la compréhension mutuelle.

Autonomiser les femmes en situation de handicap 

  • Mettre tout en œuvre pour garantir le droit à une vie autonome, y compris une assistance de qualité.
  • Promouvoir la participation des femmes en situation de handicap au marché de l’emploi régulier et dans des postes correctement rémunérés.
  • Pratiquer l’action positive afin de favoriser l’emploi des femmes en situation de handicap.
  • Rendre accessible les emplois, et en particulier dans les secteurs de l’aide à la personne et de l’éducation.
  • Rémunérer le travail jusqu’ici bénévole des femmes en situation de handicap.
  • Créer une allocation à l’autonomie pour toutes les femmes en situation de handicap, indépendamment de leur mode de vie, notamment la vie en couple, afin de réduire leur dépendance financière.
  • Assurer la pleine accessibilité de tous les espaces publics, y compris des réseaux sociaux, afin de permettre aux femmes en situation de handicap d’y faire des rencontres choisies librement, se constituer des réseaux et affiliations divers et de participer pleinement à la vie de la cité.
  • Visibiliser et valoriser la capacité d’agir des femmes en situation de handicap afin de déconstruire des stéréotypes et de les encourager à se sentir capables et légitimes pour parler, agir et défendre leurs droits et intérêts.
  • Valoriser les expertises des femmes en situation de handicap dans tous les domaines et non seulement celui du handicap.
  • Créer des possibilités pour chacun·e de sortir du silence et d’être entendu·e, ce qui implique une accessibilité totale et des moyens de communication partagés.  Au même moment, il faut des espaces spécifiques et non-mixtes où les femmes en situation de handicap peuvent témoigner et être entendues.
  • Créer différents ateliers et outils ludiques pour libérer la parole et co-construire le savoir des femmes en situation de handicap.
  • Dans toute communication adressée aux femmes en situation de handicap, veiller à ce que le message soit court, accessible et focalisé sur l’apport concret de l’information pour les femmes en situation de handicap. Favoriser l´usage des plateformes préférées des femmes en situation de handicap, par exemple Instagram.
  • Former les femmes en situation de handicap à créer leurs propres contenus et médias afin qu’elles puissent parler pour elles-mêmes et montrer leur créativité et leurs opinions.
  • Soutenir les femmes en situation de handicap pour se constituer en association francophone, à l’instar de l’association Persephone en Flandre.
  • Soutenir spécifiquement les petites associations de femmes en situation de handicap confrontées à des discriminations et oppressions supplémentaires (ex. racisme, hétéro/cis/monosexisme, classisme) afin qu’elles puissent apporter leur analyse intersectionnelle à tous les secteurs de la société.

Développer les compétences préventives des femmes en situation de handicap

  • Intégrer l’éducation à la prévention primaire et à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS) dans tous les curricula et établissements scolaires et dès le plus jeune âge, avec une attention particulière aux notions de consentement, de limites personnelles et de stratégies de prévention et de résistance, et en particulier pour les enfants et jeunes ayant besoin d’une assistance impliquant des contacts physiques.
  • Financer l’autodéfense féministe, son accessibilité et sa promotion pour toutes les femmes et filles en situation de handicap. Multiplier les formations partout et pour toutes, y compris par le soutien local des villes et communes, voire la création d’un brevet ou certificat et une obligation de développer de l’autodéfense féministe dans chaque secteur (par exemple dans les écoles spécialisées).
  • Organiser ces formations pour les femmes en situation de handicap vivant en institution. Une attention particulière est due aux lieux de vie qui sont susceptibles d’accueillir des femmes en situation de handicap, comme par exemple les maisons d’accueil, les institutions psychiatriques et les organisations actives dans le domaine de la migration.
  • Organiser, rendre visibles et promouvoir ces formations afin que des femmes en situation de handicap qui ne sont pas en lien avec des organisations du secteur du handicap y aient accès. Pour la promotion, il faut distribuer des outils d’informations aux endroits que fréquentent les femmes en situation de handicap, par exemple les médecins généralistes, les antennes de l’ONE, les communes, les CPAS, les mutualités, les services de soins à domicile ou d’aides familiales, les organisations religieuses, les écoles de leurs enfants. Il est à noter que la communication doit être bien visible de tou.te.s, car ces actrice·eurs ne sont pas forcément au courant du handicap des concernées. Certaines femmes hésitent à parler à ces instances de leur handicap, par peur d’être considérées inaptes en tant que parent et de perdre la garde de leurs enfants.
  • Créer des outils accessibles et non infantilisants pour expliquer les violences, les stratégies de prévention et où trouver de l’aide. Ces outils doivent aborder toutes les formes de violences, qu’elles aient lien au sein du couple, en famille, dans les relations de soins, dans l’espace public etc. Ils doivent être produit en différents formats accessibles, y compris le Facile à lire et à comprendre, la Langue des signes belge francophone, le braille et l’audiodescription.
  • Créer des outils accessibles pour l’accompagnement des victimes, y compris pour les non-professionnel·le·s.
  • Encourager la mise en réseau les différents services impliqués dans la prévention des violences et la prise en charge des victimes, y compris au niveau communal.

Rendre les espaces privés plus sûres

  • Déconstruire l’idée de la famille protectrice, car cette représentation invisibilise et facilite les violences, promouvoir le message que l’espace familial est soumis à la loi.
  • Etablir le consentement comme base de toute interaction entre aidant·e et aidé·e et donner les moyens aux aidant·e·s de lâcher prise sur l’organisation du quotidien des femmes et filles en situation de handicap.
  • Organiser et promouvoir, dès leur plus jeune âge, des formations pour les familles et l’entourage social des enfants en situation de handicap sur des manières respectueuses et autonomisantes d’aider et soutenir l’enfant.
  • Créer des lieux de parole et de soutien pour les familles des femmes en situation de handicap afin de ne pas les laisser seules avec leurs difficultés.
  • Améliorer le soutien des familles de femmes en situation de handicap pour diminuer le stress des aidant·e·s familiales·aux.

Prévenir les violences dans le secteur du handicap 

  • Evaluer et reformer de fond en comble les institutions et services spécialisés (enseignement spécialisé, lieux de vie, de travail, de loisirs non-mixtes pour personnes en situation de handicap) afin d’éviter le fonctionnement en vase clos qui favorise les violences.
  • Etablir le consentement comme base de toute interaction entre professionnel·le·s et bénéficiaires (toucher, déplacement, activités…) et donner les moyens aux professionnel·le·s de lâcher prise sur l’organisation du quotidien des femmes et filles en situation de handicap.
  • Améliorer les conditions de travail des professionnel·le·s du secteur du handicap pour libérer le temps nécessaire pour fonctionner sur base de consentement.
  • Former les professionnel.le.s, y compris le corps médical, pour combattre le validisme et développer des protocoles, attitudes et pratiques respectueux et autonomisants.
  • Former les professionnel·le·s de l’enseignement spécialisé, y compris des centres PMS spécialisés, aux questions de violence, de prévention primaire et de prise en charge des victimes, y compris les services disponibles et leur accessibilité.
  • Etoffer l’offre de formation continue pour les professionnel.le.s du secteur du handicap avec des formations spécifiques à la prévention des violences et réduire la surcharge de travail afin que les professionnel.le.s aient le temps de suivre ces formations.
  • Inclure dans la formation initiale des professionnel.le.s du secteur du handicap des savoirs et savoir-faire par rapport aux violences, leur prévention et l’accompagnement des victimes.
  • Combattre la vision néolibérale dans le secteur des Entreprises de travail adapté afin de préserver et agrandir des espaces d’action à mesure des personnes qui y travaillent.
  • Créer un réseau d’échange d’informations et de bonnes pratiques d’assistance accessible aux professionnel·le·s et aux usagère·ers.
  • Impliquer des professions comme les aides à domicile et les gardes malades dans les démarches de prévention des violences, y compris en leur fournissant les informations nécessaires pour agir quand ielles sont témoins de violences envers les femmes en situation de handicap.
  • Centraliser et rendre accessibles les informations sur des initiatives de lutte contre les violences afin d’éviter qu’on gaspille les moyens dans la réinvention de la roue.
  • Instaurer l’obligation dans chaque service spécifique pour personnes en situation de handicap d’instaurer un processus démocratique pour élire parmi les usagères une représentante qui recense les besoins et souhaits des femmes et les communique à l’organisation.
  • Ouvrir la voie à et reconnaître l’expertise des concernées par l’éducation par les paires, la pair-aidance, le peer counselling et la sensibilisation/formation des professionnel·le·s par des femmes en situation de handicap (peer-to-pro).

Augmenter l’accessibilité du secteur « anti-violence »

  • Eviter la création de services d’aide spécifiques pour les femmes en situation de handicap – elles doivent pouvoir s’adresser à n’importe quel service anti-violence et être bien reçues et aidées.
  • Créer des répertoires d’accessibilité pour ces services afin que les femmes en situation de handicap ne doivent pas elles-mêmes faire de la recherche et puissent directement accéder les services en cas de besoin.
  • Promouvoir les services anti-violence particulièrement accessibles.
  • Créer un label d’accessibilité avec différents modèles selon le type d’accessibilité pour faciliter la communication et l’orientation.
  • Afficher visiblement les informations d’accessibilité du service sur tous les supports de communication et créer des supports de communication accessibles (FALC, LSFB, audiodescription…).
  • Augmenter l’accessibilité de la ligne d’écoute violences conjugales et de son chat à 24/7.
  • Rendre tous les services de lutte contre les violences financièrement accessibles car les femmes en situation de handicap sont plus souvent en situation de pauvreté et des services payants constituent un frein important pour elles.
  • Inclure les femmes en situation de handicap visuellement dans les campagnes de lutte contre les violences faites aux femmes.
  • Former les professionnel·le·s, par la formation initiale et continue, à déconstruire leurs représentations erronées du handicap et à accueillir correctement et communiquer avec des femmes en situation de handicap, y compris à s’adresser à la femme concernée et non à l’assistant·e ou l’interprète ; idéalement, ces compétences seront reconnues par un certificat.
  • Ouvrir la voie à l’expertise des concernées par l’éducation par les paires, la pair-aidance, le peer counselling et la sensibilisation/formation des professionnel·le·s par des femmes en situation de handicap (peer-to-pro). Il est important que ces contributions des femmes en situation de handicap soit valorisé et rémunéré.
  • Développer la paire-aidance dans les services d’aide pour accompagner les femmes en situation de handicap, y compris dans les groupes de parole pour victimes de violence. Dans la paire-aidance, il est important de veiller à l’indépendance des paires-aidantes de la structure qui les accueille afin qu’elles ne reproduisent pas des valeurs, attitudes ou pratiques oppressives. 
  • Présenter les services d’aide dans les institutions et autres services du secteur handicap aux professionnel·le·s et aux usagères·ers.
  • Créer des espaces de rencontres, d’échanges d’expériences et de pratiques et d’outils entre les professionnel·le·s du secteur du handicap et du secteur anti-violence.
  • Inclure les organisations du secteur du handicap dans les listes d’envoi pour les campagnes, affiches, brochures etc. des services anti-violence.
  • Diffuser les informations du secteur du handicap, par exemple sur des activités, dans les services anti-violence.
  • Développer l’interprétariat en langue de signes francophone belge, former les interprètes à la traduction correcte et respectueuse dans le contexte de violence, créer un fonds pour financer l’interprétation en LSFB lors de toutes les démarches de femmes sourdes victimes de violence.
  • Renforcer et financer les transports accessibles et la communication sur les services anti-violence, ainsi que la création d’antennes locales des services anti-violence dans toutes les régions, et particulièrement dans les régions rurales, pour surmonter l’isolement des femmes en situation de handicap.
  • Développer un travail de transformation avec les auteurs, et non seulement par des approches thérapeutiques individualisantes. Les services de travail avec les auteurs doivent aussi tenir compte des auteurs en situation de handicap et devenir accessibles et inclusifs.

Rendre la police et la justice plus accessible

  • Généraliser l’utilisation du FALC dans les communications de la police et de la justice (sites web, courriers…).
  • Développer la formation spécifique, initiale et continue, des agent.e.s de police et des professionnel·le·s de la justice pour améliorer la prise en charge des femmes en situation de handicap victimes de violence.
  • Identifier et communiquer sur des personnes référentes (et formées) en matière de handicap et violence dans toutes les zones de police et tous les arrondissements judiciaires.
  • Informer, sensibiliser et former les avocat·e·s aux questions de genre, handicap et violence.
  • Etendre le délai de prescription des différentes formes de violence qui touchent les femmes de manière spécifique ou disproportionnée afin de donner aux femmes le temps de se préparer à une plainte et procédure juridique.

Rendre le mouvement féministe plus inclusif

  • Rester vigilant.e.s aux femmes absentes et augmenter les efforts pour leur permettre une participation à part entière.
  • Inviter les femmes en situation de handicap et leurs organisations à participer dans les réseaux, mobilisations etc. et respecter leur droit de parler pour elles-mêmes.
  • Organiser les activités, rencontres, festivals etc. de manière accessible et être à l’écoute des besoins spécifiques des femmes.
  • Améliorer le réseautage avec et entre des associations féministes, souvent petites, qui représentent des femmes marginalisées (migrantes, en situation de handicap, LGBTQI+…)
  • Développer une approche intersectionnelle concrète et pratique en travaillant dans d´autres langues que le français et le néerlandais et en collaborant avec les petites associations de femmes issues de l’immigration qui peuvent servir de médiatrices culturelles.
  • Diffuser les informations du secteur du handicap dans les réseaux féministes.

Un autre sujet important a également été abordé mais pas approfondi par manque de temps : 

Les femmes en situation de handicap ont témoigné de nombreuses violences institutionnelles et intrapersonnelles dans les services de santé. Il faudrait explorer ce sujet afin de développer un programme de sensibilisation et formation préventive des professionnel·le·s (para-)médicales·aux. D’autres facteurs protecteurs qu’il faudrait renforcer sont le principe d’autodétermination des femmes en matière de santé, l’accessibilité financière des services de santé pour les femmes en situation de handicap ; la consultation des expertes de terrain dans l’organisation des services de santé ; un travail de mise en réseau et de soutien avec les parents.

Conférence virtuelle “No Means No – Women with disabilities resist violence”, 3 décembre, Journée internationale des personnes handicapées

Vivant à l’intersection du sexisme et du validisme, les femmes en situation de handicap sont plus souvent confrontées à la violence et à la discrimination et leur accès au soutien et à la protection est souvent rempli de barrières. Pourtant, malgré tout cela, elles ne sont pas impuissantes et résistent souvent avec succès à ces violences.

Cette conférence vise à inscrire la violence à l’égard des femmes en situation de handicap et l’autodéfense féministe dans le programme de l’Union Européenne, à informer les décideur.euse.s européen.ne.s des lacunes politiques et des bonnes pratiques, ainsi qu’à offrir aux femmes en situation de handicap un espace d’autoreprésentation.

La conférence aura lieu en ligne le 3 décembre, journée internationale des personnes handicapées, entre 10h30 et 16h30 (heure de Bruxelles). Pour améliorer l’accessibilité, elle comprendra une traduction simultanée en langue des signes internationale, une transcription simultanée (en anglais) et des présentations en facile-à-lire (en anglais). 

Veuillez noter que les langues officielles de la conférence sont l’anglais et la langue des signes internationale. La conférence sera également traduite simultanément en français et en langue des signes Belge-Francophone (uniquement l’après-midi pour cette dernière).

Vous pouvez vous inscrire en cliquant sur ce lien.

Programme de la conférence

10:30-11:00 Registration, welcome and accessibility introduction, Liz Chornenki, Moderator
11:00-11:15 Introduction, Helena Dalli, European Commissioner
11:15-11:30 The NO MEANS NO project and feminist self-defense for women
with disabilities
, Irene Zeilinger, Garance
11:30-11:45 Presentation of results in France,
Diane Kachour, Faire Face
11:45-12:00 Q/A

12:00 -13:00 Lunch break

13:00-13:15 Presentation of results in Germany, Doris Kroll, Bundesfachverband Feministische Selbstbehauptung und Selbstverteidigung
13:15-13:30 Presentation of results in Poland, Ewa Rutkowska & Agata Teutsch, Autonomia
13:30-13:45 Presentation of results in Belgium, Dorothée Van Avermaet, Garance
13:45-14:00 Q/A

14h00-14h10 Break

14:10 – 14:30 Violence against women with disabilities, Dr. Monika Schröttle,
University of Applied Sciences of Ravensburg-Weingarten & Institute for Empirical Sociology at Nürnberg University
14:30 – 14:50 Feminist self-defence as primary prevention, Liz Kelly, London
Metropolitan University

14:50 – 15:10 Feminist self-defence for women with disabilities, Lydia La Riviere Zijdel, Stichting Lydia Zijdel Foundation
15:10-15:30 Q/A

15:30 – 15:40 Break

15:40 – 16:00 Women with disabilities’ active role in combating violence
through feminist self-defence
, Carina Tränkner, frauen.stärken.frauen
16:00 – 16:20 Conclusions, Evelyn Regner, Chair of the Women’s Rights and
Gender Equality Committee of the European Parliament

Le projet NO MEANS NO est financé par le programme Droits, égalité et citoyenneté de l’Union Européenne (2014-2020). Cette conférence a été rendue possible grâce au soutien généreux de : AVIQ – Famille Santé Handicap, Région de Bruxelles-Capitale, la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Commission communautaire française (COCOF) et de la Région Wallonne.

Le contenu de cette conférence ne représente que les opinions des intervenant.e.s et relève de leur seule responsabilité. La Commission européenne n’assume aucune responsabilité quant à l’utilisation qui pourrait être faite des informations qu’il contient.

Webinaire sur l’accessibilité des services en charge des femmes ayant subi des violences

AVIQ et Garance ont organisé, le 20 septembre, un webinaire sur l’accessibilité des services en charge des femmes ayant subi des violences. Le webinaire visait à donner quelques conseils sur la manière de rendre les services plus accessibles aux femmes en situation de handicap.

Quatre femmes en situation de handicap ont témoigné de leur expérience de l’accessibilité des services et l’organisation française “Femmes pour le dire, femmes pour agir” a fait une présentation sur les mécanismes d’exclusion, la représentation mentale des soignant.e.s et des professionnel.le.s actif.ve.s dans le domaine.

Vous pouvez revoir le webinaire (en français) sous ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=zeQgiMaXCYk

Les violences contre les femmes en situation de handicap en France

L’enquête annuelle Cadre de vie et sécurité du gouvernement Français souligne le fait que les personnes non valides (entre 18 et 64 ans) sont plus souvent confrontées à différentes sortes de violence que les personnes valides. 7,3% des personnes en situation de handicap ont fait l’expérience de violence physique ou sexuelle dans les 24 mois précédent l’enquête, comparé à 5,1% de la population générale. Elles font aussi l’objet de davantage de menaces en dehors du ménage (+ 3.3 points de pourcentage) et d’insultes (+ 4.2 points de pourcentage). Ainsi, le handicap est un facteur majeur des taux de victimisation.

L’écart est encore plus prononcé lorsqu’il s’agit de femmes en situation de handicap. 9% d’entre elles ont fait l’expérience de violences physiques et/ou sexuelles, comparées à 5,8% pour les femmes valides. Sur une période de deux ans, 4% de femmes en situation de handicap sont la cible de violences sexuelles, un taux qui s’élève à 1,7% pour les femmes valides. Elles sont aussi plus souvent exposées à la violence verbale, 18,1% d’entre elles ayant été la cible d’insultes et 8,2% d’entre elles de menaces. Quand d’autres variables, tels que l’âge ou la composition de ménage, sont enlévés de l’équation, le risque de victimisation augmente encore plus pour les femmes en situation de handicap, de 4,8, 4,6 et 6,7 points de pourcentage respectivement pour les violences sexuelles et/ou physiques, les menaces et les insultes.

Non seulement les personnes en situation de handicap sont la cible de violences plus souvent, mais leurs impacts sont aussi plus traumatisants que pour la population générale. Elles signalent par exemple un impact psychologique perturbant leur quotidien plus important, y compris dans la vie professionnelle. Cela s’explique par des agressions multiples, ainsi que par des formes plus sérieuses de violence, qui mènent à leur tour plus fréquemment à des fractures et d’autres blessures, ainsi qu’un recours plus fréquent aux soins médicaux. Ici aussi, les femmes en situation de handicap sont plus touchées que leurs congénères hommes.

Les violences contre les personnes en situation de handicap ont plus souvent lieu dans leur voisinage que pour la population générale. Elles sont agressées à leur domicile deux fois plus souvent, un chiffre qui augmente encore dans le cas de violences physiques et sexuelles. Elles sont plus souvent confrontées à plusieurs agresseurs.

Et les agresseur·e·s? La majorité sont des hommes adultes qui agissent seuls, même si le taux d’agresseures femmes est plus élevé que pour la population générale lorsqu’il s’agit de victimes en situation de handicap. Cela s’explique par la proportion plus importante de femmes assurant le travail du care, tant dans le milieu familial que professionnel. Les personnes en situation de handicap signalent plus souvent le fait qu’elles connaissent leurs agresseur·e·s que les personnes valides, et ce que ce soit de manière intime ou superficielle, qu’importe si les violences ont lieu à leur domicile ou dans l’espace publique. Par exemple, 68% des personnes en situation de handicap qui ont été victimes de menace, 61% qui ont été la cible de violences physiques et 47% qui ont été insultées connaissaient leur agresseur·e.

Une personne en situation de handicap sur quatre qui a été l’objet de violence ou de vol a porté plainte auprès de la police, alors qu’en moyenne, seulement une personne sur cinq de la population générale porte plainte. Cela est particulièrement vrai lorsqu’il s’agit de violences physiques ou sexuelles. Les statistiques de rapports de police sont une source supplémentaire d’information pour l’enquête. Les homme en situation de handicap utilisent les services de police plus souvent que leurs paires, sauf dans le cas de violences sexuelles et d’atteintes à la dignité humaine (une série d’atteintes incluant la traite, le proxénétisme, la prostitution de mineur·e·s et l’exploitation à la mendicité, entre autres). Les violences sexuelles concernent un nombre disproportionné de jeunes femmes entre 15 et 29 ans, de même que les personnes dont l’handicap n’est pas physique. Cependant, les autres types d’infractions qui font l’objet d’une plainte concernent une majorité de victimes en situation de handicap physique.

Selon ces faits, il n’est pas surprenant qu’il y ait davantage de personnes en situation de handicap qui ne se sentent pas en sécurité, comparé à la population générale. 17% de personnes en situation de handicap ne se sentent pas en sécurité dans leurs villages ou quartiers souvent ou de temps en temps, ce qui mène 16% d’entre elles à limiter leur mobilité pour des préoccupations de sécurité, comparé à 11 et 9% respectivement pour la population générale. Les personnes en situation de handicap se sentent également moins souvent en sécurité à leur domicile (17%). Ces différences sont expliquées par un taux d’agressions plus élevé, ainsi que par d’autres différences telles que l’âge et les conditions de vie.

L’enquête a mesuré le handicap selon l’auto-définition des personnes interrogées au sein des ménages, soit parce qu’elles avaient coché “en situation de handicap” ou “faisant l’objet de difficultés dans le fonctionnement quotidien”. Pour des raisons méthodologiques, les personnes en situation de handicap sont sous-représentées dans l’enquête (8% des répondant·e·s): non seulement l’enquête n’a pas été rendue accessible, mais en plus aucune aide n’a été proposée afin de remplir le questionnaire. De plus, les personnes vivant dans des institutions ont été exclues, ce qui englobe un nombre disproportionné de personnes en situation de handicap. Ainsi, ces chiffres doivent être interprétés avec prudence, puisqu’ils ne reflètent que la partie visible de l’iceberg des violences.