Dans la rue

J’ai été suivi dans la rue alors que je me rendais à un cours dans une organisation pour personnes aveugles. J’ai d’abord vérifié si la personne me suivait vraiment en modifiant ma vitesse et en traversant une rue. Quand j’ai été sûre, je me suis retournée et j’ai demandé à la personne de passer devant moi, mais elle n’a pas répondu et ne m’a pas non plus dépassée. Lorsque j’ai appelé l’organisation et demandé que quelqu’un sorte pour voir qui me suivait, la personne a disparu.

Dans le train avec mon chien-guide

J’ai un chien d’aveugle. Une fois, dans un train, deux adolescents (12-14 ans) à la recherche de problèmes harcelaient les passagers. Comme je les ignorais, ils ont pincé mon chien. Le chien est allé s’asseoir dans l’allée pour s’éloigner d’eux. J’ai mis ma jambe en travers de l’allée pour leur bloquer l’accès au chien et j’ai dit fermement aux garçons : “maintenant vous arrêtez et vous le laissez tranquille”. Ils ont abandonné et sont descendus du train à l’arrêt suivant.

Combattre les violences envers les femmes : le rôle des femmes en situation de handicap – Conférence virtuelle

Le 8 octobre 2021 s’est tenu l’évènement belge national du projet No means no. Cette conférence virtuelle d’une journée visait à décloisonner et créer des ponts entre les secteurs handicap et “anti-violence”, pour une approche intersectionnelle de la prévention et la lutte contre les violences faites aux femmes en situation de handicap. Ce fut également l’occasion de donner la parole aux premières concernées et ainsi attirer l’attention des politiques sur leurs réalités et besoins à ce sujet.

Nous avons été honoré.e.s d’accueillir comme modératrice Charlotte Puiseux, docteure en philosophie, psychologue clinicienne, et maman-relais de l’association Handiparentalité. Et nous avons aussi eu la chance de compter parmi nos intervenant.e.s Christie Morreale, Vice-présidente du gouvernement wallon, Ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes, Anne-Françoise Cannella, Administratrice générale adjointe de l’AVIQ, Michel Mercier, professeur émérite et directeur du département psychologie de l’Université de Namur accompagné de Céline Brison, psychologue à l’asbl La Boulaie et d’Angélique Rousseaux, auto-représentante, Ann Van den Buys, membre fondateur et présidente de l’asbl Perséphone, et Sarah Schlitz, secrétaire d’État à l’Égalité des genres, à l’Égalité des chances et à la Diversité.

La langue officielle de la conférence était le français et la conférence était accompagnée d’une transcription simultanée (dont vous pouvez retrouver le texte écrit sous ce lien). La conférence a également été traduite en Langue des Signes Belge-Francophone et vous pouvez revoir la conférence dans son entièreté :

Céline : faire du bruit

Je dois faire de long trajets pour aller au travail et après une longue journée de travail, ma concentration diminue, ce qui complique ma capacité à trouver mon chemin. Donc je suis toujours heureuse quand des gens m’aident. Un jour, un homme m’a proposé de me guider dans la gare, ce que j’ai accepté avec gratitude. Ce qui m’a irrité c’est qu’il a tout de suite verrouillé son bras autour du mien. Au début, j’ai ignoré ce sentiment étrange. Le monsieur était très amical et semblait vouloir aider. Sur le chemin, nous avons parlé d’un scandale politique qui avait lieu actuellement à la mairie. Nous sommes arrivés rapidement à la gare, et il a commencé à me toucher la main et à me demander si j’avais un ami ou si j’étais mariée. J’avais peur et j’étais dégoutée. Je me suis alors souvenue de notre cours d’auto-défense, et du fait qu’il était important d’agir et de faire du bruit. J’ai pris tout mon courage à deux mains et j’ai crié: “Cet homme me moleste! L’homme à côté de moi me harcèle!” Encore et encore, plusieurs fois. Au début je me sentais mal à l’aise, mais après la deuxième et troisième fois, je me suis rendue compte que je me sentais plus fière et plus courageuse. Le monsieur m’a relâchée très rapidement et j’étais surprise. Comme je ne peux pas voir, je ne sais pas où il est allé. Plusieurs personnes sont venues et m’ont offert leur aide, et j’ai réussi à avoir mon train. Même si mes genoux tremblaient après, je me suis sentie bien parce que j’ai réussi à me battre pour moi et ma dignité. 

Fabiana : les barbecues

La famille de mon compagnon nous a interdit de faire des barbecues lorsque nous étions à la campagne. Je me suis sentie offensée par leur réaction. Donc après avoir pris un cours d’auto-défense, j’ai parlé à la famille de mon compagnon et je leur ai expliqué que je ne suis pas une enfant et que je sais comment utiliser un barbecue et faire du feu, et ils nous ont autorisé à faire des barbecues avec mon compagnon.

Marisa : mon beau-père

Mon beau-père n’a jamais accepté le fait que je sois sourde, donc quand je lui rendais visite, il me parlait quand je ne le regardais pas, ou m’appelait de loin, comme si j’étais capable de l’entendre. Donc j’ai décidé de l’ignorer aussi longtemps qu’il ne me tapotait pas sur l’épaule ou ne faisait pas un effort pour se comporter de manière appropriée afin de me permettre de communiquer. Mon mari ne se sentait pas à l’aise avec cette situation et m’en a tenu responsable, mais je pense que le comportement de mon beau père était irrespectueux et j’ai donc continué d’agir comme je le faisais. 

Fatima : les limites

Ma mère avait un nouveau compagnon et je ne pouvais pas lire sur ses lèvres, ni le comprendre lorsqu’il parlait. A chaque fois que je lui demandais de parler plus lentement et plus clairement, il rigolait et se moquait de moi, donc je sortais de la pièce. Un jour, j’ai décidé de ne plus retourner chez ma mère. Elle s’est plainte du fait que je ne venais plus lui rendre visite donc je lui ai dit de venir chez moi parce que je ne voulais pas voir son partenaire. Ensuite, je lui ai dit que si elle voulait que je vienne chez elle, elle devrait expliquer à son partenaire que son comportement n’allait pas. Ma mère a finalement parlé avec lui et quand je suis retournée chez elle, il s’est mieux comporté.

Selma : en sortie


Une fois, je suis sortie avec mes amis. Quand je suis rentrée à la maison, il faisait nuit et quatre hommes nous ont suivis et nous ont attaqués. J’étais la seule femme du groupe et je leur ai dit que j’allais appelé à la police. Alors que j’étais en train de composer le numéro, un des attaqueurs a dit “tu veux que je te fasse du mal?”. J’ai répondu que non et il a dit: “Alors tais-toi!”, m’a poussé au sol et m’a craché à la figure. Je me suis levée et j’ai crié si fort et si longtemps qu’ils sont partis et nous ont laissé tranquille. Les voisins m’ont entendu et ont appelé la police.

Magdaléna : en voiture

Un jour, je roulais sur une route de campagne. Mon mari a commencé à me crier dessus. Je lui ai dit plusieurs fois d’arrêter parce que c’était dangereux, mais il a continué à crier. Alors j’ai détaché la ceinture de sécurité de mon mari et j’ai freiné d’un coup sec. Il s’est pris la boite à gand et s’est fait mal au genou. Il a arrêté de me crier dessus.