L’enquête annuelle Cadre de vie et sécurité du gouvernement Français souligne le fait que les personnes non valides (entre 18 et 64 ans) sont plus souvent confrontées à différentes sortes de violence que les personnes valides. 7,3% des personnes en situation de handicap ont fait l’expérience de violence physique ou sexuelle dans les 24 mois précédent l’enquête, comparé à 5,1% de la population générale. Elles font aussi l’objet de davantage de menaces en dehors du ménage (+ 3.3 points de pourcentage) et d’insultes (+ 4.2 points de pourcentage). Ainsi, le handicap est un facteur majeur des taux de victimisation.
L’écart est encore plus prononcé lorsqu’il s’agit de femmes en situation de handicap. 9% d’entre elles ont fait l’expérience de violences physiques et/ou sexuelles, comparées à 5,8% pour les femmes valides. Sur une période de deux ans, 4% de femmes en situation de handicap sont la cible de violences sexuelles, un taux qui s’élève à 1,7% pour les femmes valides. Elles sont aussi plus souvent exposées à la violence verbale, 18,1% d’entre elles ayant été la cible d’insultes et 8,2% d’entre elles de menaces. Quand d’autres variables, tels que l’âge ou la composition de ménage, sont enlévés de l’équation, le risque de victimisation augmente encore plus pour les femmes en situation de handicap, de 4,8, 4,6 et 6,7 points de pourcentage respectivement pour les violences sexuelles et/ou physiques, les menaces et les insultes.
Non seulement les personnes en situation de handicap sont la cible de violences plus souvent, mais leurs impacts sont aussi plus traumatisants que pour la population générale. Elles signalent par exemple un impact psychologique perturbant leur quotidien plus important, y compris dans la vie professionnelle. Cela s’explique par des agressions multiples, ainsi que par des formes plus sérieuses de violence, qui mènent à leur tour plus fréquemment à des fractures et d’autres blessures, ainsi qu’un recours plus fréquent aux soins médicaux. Ici aussi, les femmes en situation de handicap sont plus touchées que leurs congénères hommes.
Les violences contre les personnes en situation de handicap ont plus souvent lieu dans leur voisinage que pour la population générale. Elles sont agressées à leur domicile deux fois plus souvent, un chiffre qui augmente encore dans le cas de violences physiques et sexuelles. Elles sont plus souvent confrontées à plusieurs agresseurs.
Et les agresseur·e·s? La majorité sont des hommes adultes qui agissent seuls, même si le taux d’agresseures femmes est plus élevé que pour la population générale lorsqu’il s’agit de victimes en situation de handicap. Cela s’explique par la proportion plus importante de femmes assurant le travail du care, tant dans le milieu familial que professionnel. Les personnes en situation de handicap signalent plus souvent le fait qu’elles connaissent leurs agresseur·e·s que les personnes valides, et ce que ce soit de manière intime ou superficielle, qu’importe si les violences ont lieu à leur domicile ou dans l’espace publique. Par exemple, 68% des personnes en situation de handicap qui ont été victimes de menace, 61% qui ont été la cible de violences physiques et 47% qui ont été insultées connaissaient leur agresseur·e.
Une personne en situation de handicap sur quatre qui a été l’objet de violence ou de vol a porté plainte auprès de la police, alors qu’en moyenne, seulement une personne sur cinq de la population générale porte plainte. Cela est particulièrement vrai lorsqu’il s’agit de violences physiques ou sexuelles. Les statistiques de rapports de police sont une source supplémentaire d’information pour l’enquête. Les homme en situation de handicap utilisent les services de police plus souvent que leurs paires, sauf dans le cas de violences sexuelles et d’atteintes à la dignité humaine (une série d’atteintes incluant la traite, le proxénétisme, la prostitution de mineur·e·s et l’exploitation à la mendicité, entre autres). Les violences sexuelles concernent un nombre disproportionné de jeunes femmes entre 15 et 29 ans, de même que les personnes dont l’handicap n’est pas physique. Cependant, les autres types d’infractions qui font l’objet d’une plainte concernent une majorité de victimes en situation de handicap physique.
Selon ces faits, il n’est pas surprenant qu’il y ait davantage de personnes en situation de handicap qui ne se sentent pas en sécurité, comparé à la population générale. 17% de personnes en situation de handicap ne se sentent pas en sécurité dans leurs villages ou quartiers souvent ou de temps en temps, ce qui mène 16% d’entre elles à limiter leur mobilité pour des préoccupations de sécurité, comparé à 11 et 9% respectivement pour la population générale. Les personnes en situation de handicap se sentent également moins souvent en sécurité à leur domicile (17%). Ces différences sont expliquées par un taux d’agressions plus élevé, ainsi que par d’autres différences telles que l’âge et les conditions de vie.
L’enquête a mesuré le handicap selon l’auto-définition des personnes interrogées au sein des ménages, soit parce qu’elles avaient coché “en situation de handicap” ou “faisant l’objet de difficultés dans le fonctionnement quotidien”. Pour des raisons méthodologiques, les personnes en situation de handicap sont sous-représentées dans l’enquête (8% des répondant·e·s): non seulement l’enquête n’a pas été rendue accessible, mais en plus aucune aide n’a été proposée afin de remplir le questionnaire. De plus, les personnes vivant dans des institutions ont été exclues, ce qui englobe un nombre disproportionné de personnes en situation de handicap. Ainsi, ces chiffres doivent être interprétés avec prudence, puisqu’ils ne reflètent que la partie visible de l’iceberg des violences.